Paiement des vols d’initiation en ligne

Il est maintenant possible de payer les vols d’initiation en ligne!

Vivez une expérience extraordinaire en volant, sans moteur, dans le silence à bord d’un planeur dans le magnifique décor de St-Raymond !

Que vous souhaitiez devenir pilote ou seulement profiter du moment, ce vol vous permettra d’apprécier le vol à voile et d’en connaître plus sur ce merveilleux sport.

Un pilote expérimenté prendra le temps de vous expliquer les consignes de sécurité, les bases du vol et le fonctionnement du planeur au sol. Par la suite, vous prendrez place avec le pilote dans un planeur biplace qui sera remorqué à une altitude de 3000 pieds pour planer de 20 à 30 minutes dans le ciel avant de revenir se poser.

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Récit d’un vol de 300 kilomètres

JE ME SENS LOIN…

– Juliet Charlie Roméo, huit mille deux cent pieds, Lac Noir.

Dans ma tête, je me suis senti comme Neil Armstrong sur le point d’alunir. Un rapport tout à fait subjectif bien sûr, mais une image très forte pour moi dans la mesure où je survolais un territoire que je découvrais pour la première fois et que tout ce qui me reliais à ma base très distante était la radio. En somme, un très bon feeling.

Cette idée de faire un vol d’une aussi grande distance ne m’était venue que récemment, en fait l’automne précédent. Y’avait bien sûr Jean-Yves qui comme toujours me poussait dans le dos à chaque étape pour que je vise la prochaine; enwèye François c’est le temps de faire ton test des cinquante questions pour ta licence d’élève pilote… pis là François tu serais mûr pour faire ton cinquante km… etc.… etc…

J’en avais glissé un mot à Pierre Beaulieu lors de l’AGA au Lac Beauport. Comme pour toutes les étapes d’une progression de pilote, on dirait qu’il faut que ça prenne sa place au moment opportun. Je me souviens qu’au début de mon apprentissage, lorsqu’on me disait que j’allais avoir à faire des vrilles, les cheveux me dressaient sur la tête, pure folie! Je n’étais tout simplement pas encore rendu là… À mon sens chaque étape doit être assez bien assimilée pour constituer une plateforme pour la prochaine. C’est sans doute plus long mais plus solide.

Le 50 km à Lac-à-la-Tortue que j’avais réalisé deux ans auparavant avait été une excellente mise en bouche. Ça m’a aidé à bâtir ma confiance. Je m’étais déjà éloigné quelques fois auparavant près de la limite du vol local que m’indiquait mon ordinateur de bord mais ça a été alors la première fois que je coupais le cordon et j’ai adoré ça! Comme m’avait déjà dit Richard Noël; t’sé Frank, le planeur il le sait pas que t’es pas à Saint-Raymond…

J’en ai conclu qu’y fallait pas lui dire…

Ce vol de 50 km a mis la table pour la suite de mes intentions. Mais en le faisant un pas à la fois. Je voulais le faire à mon rythme en prenant le temps d’assimiler la matière graduellement sans me trouver dans des situations scabreuses. Ça ne me tentait pas de me
retrouver au-dessus de la forêt, peinturé dans un coin sans options. Rien de pire pour briser la confiance. Le plaisir doit toujours être là.

Au cours de mes lectures et de mes réflexions de l’hiver précédent, je suis devenu confortable avec l’idée que si les conditions de vol sont bonnes, un vol de distance n’est pas plus difficile qu’un vol local. La clé c’est de choisir le bon moment.

CHOISIR LE BON MOMENT

On le sait, les mois de mai et juin sont les plus propices au vol de distance; les ascendances sont bonnes et les champs vachables sont abondants. Dès le début de la saison je gardais un oeil sur la recherche de “la” bonne journée. Le début de saison avait été retardé par la pandémie et le mois de mai allait s’avérer peu propice pour ce qui est de la météo. Avec Denis Pépin dont l’aide et les encouragements ont d’ailleurs été déterminants pour la préparation de ce vol, on avait identifié le dernier dimanche de mai comme étant une journée prometteuse. J’étais fin prêt physiquement et mentalement.

Mais ce jour-là on est passé complètement à côté de la coche. SkySight qui est, selon Denis, le summum des sites de prévisions météo et auquel il était nouvellement abonné, nous prévoyait une journée de vol… fumante. En fait, la seule ressemblance avec de la fumée qu’on a eu cette journée là, ça a été un ciel entièrement couvert et même de la neige!… Euhhh… 🙁

Mais ce fût tout de même une très bonne répétition des préparatifs pour la prochaine fois.

DEUXIÈME ESSAI

Vers le milieu de la semaine suivante, il semblait commencer à se profiler sur les sites météo, une ouverture pour le week-end. Je texte à Denis pour avoir son avis; Ouais peut-être, mais y’est un peu tôt et en plus on dirait que le vent va être de l’EST… pas bon… Le temps passe et l’embellie se confirme mais pas assez pour permettre un vol “out and return”, seulement pour un vol en circuit. Les deux sont bons pour obtenir la certification du 300 km mais le premier implique un éloignement plus grand de la base et a donc une plus grande valeur soit un “diamond goal” versus un “goal distance”. Mais en faisant le diamant on obtient du même coup l’autre. Bref, un deux pour un! Ok, on va se contenter du plan B, c’est dame nature qui est le boss bien sûr

Avec Sylvie, on décide de coucher au camping la veille. Dimanche matin, lever vers 7h00 et direction le club house avec ma tablette pour prendre la dernière météo. Bonne surprise… les conditions s’annoncent maintenant bonnes plus loin vers l’ouest, bien qu’il y aura une composante de vent EST qui ne facilitera pas le retour. Je me retiens pour ne pas appeler Denis aussi tôt le matin. Mais on se parle un peu plus tard et on convient que ce sera finalement le plan A.

UN GARS DÉTERMINÉ

Après le déjeuner je me pointe au champ, excité, un peu nerveux mais déterminé. Préparation du planeur, check lists, décollage prévu pour 11h30. Tout va bien et le ciel est de plus en plus beau. Richard et un autre pilote prennent les airs et ça a l’air de bien aller pour eux bien qu’un peu marginal. Je décide donc de décoller à l’heure prévue. Pascal me remorque avec le Pawnee à 3000 pieds entre le seuil de la 27 et le Lac Sept-Îles. Denis m’avait bien expliqué que pour le départ il faut passer le seuil de la piste mais il y a une limite de largeur pour le faire. Je m’efforce donc de revenir vers le seuil 27 mais ce faisant, j’oublie presque d’essayer d’accrocher une ascendance. Je réussi à passer le seuil de piste mais assez bas et je suis maintenant contraint de me battre pour me remonter mais avec en même temps en tête l’objectif de réaliser cette épreuve de distance au lieu de me concentrer sur mon pilotage. Le résultat est qu’à force de m’obstiner, je me retrouve à essayer de sauver ma peau, roue sortie, au bout de la 27, trop bas pour faire un circuit d’atterrissage régulier.

Juliet, Charlie, Roméo, en approche directe piste 09…

Et VLAN pour les grandes ambitions de distance! Le 300 km s’est transformé en à peine un 3 km. Mais pourquoi…? En tout cas, c’est pas la faute du planeur…

DÉ-BRIEFING

Ce que j’ai réalisé lors de mon “auto-dé-briefing” avant de re-décoller, c’est que pour la première fois depuis que je pilote des planeurs je suis parti avec en tête un objectif, une volonté à réaliser une performance et cette détermination n’avait pas sa place. Et pour moi, ou du moins au stage où j’en suis dans ma progression, ça ne fonctionne pas. Je me souviens d’ailleurs qu’à l’époque où je faisais de la course automobile, mon pilotage était à son meilleur lorsque je demeurais concentré dans le moment présent et les bons résultats s’en suivaient.

AMUSE-TOI

Ayant pris conscience de ce fait, j’ai modifié mon état d’esprit à mon deuxième essai pour ne me concentrer que sur mon pilotage en me disant que si le pilotage est bon et que les conditions le sont aussi, le vol progresserait de lui-même. Il est maintenant presque midi et demie et bien que la fenêtre n’est pas encore fermée elle est tout de même moins ouverte. D’une certaine manière ça m’a enlevé de la pression. Bref, si ça fonctionne tant mieux, sinon tant pis…

SCÈNE UN…PRISE DEUX…

Pascal me remorque à nouveau entre le seuil de la 27 et le Lac Sept-Îles. Toujours pas plus d’ascendance qu’au premier essai mais je m’affaire quand même à passer la porte de départ en espérant trouver une ascendance par la suite… Dès la porte passée, j’accroche un thermique qui me monte à 5600 pieds à la verticale du champ, ce qui me permet de commencer à m’éloigner vers l’ouest. Le soleil fait son oeuvre et les ascendances sont maintenant bien établies, le ciel est beau.

Ste-Christine 5700 pieds, Lac Clair 5000 pieds, ça va…, mais un peu avant Saint-Ubalde, là ça ne va plus. Je ne suis maintenant déjà plus local. Jusqu’à maintenant, je me suis plutôt dirigé vers le nord-ouest et soudainement devant moi ça coupe. Il n’y a plus de beaux nuages. L’action semble être plus au sud. Bâbord toute et direction Saint-Casimir… en descente. À 2400 pieds, alors que j’approche de St-Thuribe, j’observe autant les champs que les nuages. Reste calme mon Frank et concentre-toi.

ÇA PLANE POUR MOI

Ça aura été le point bas de mon vol. Je réussis effectivement à accrocher une ascendance qui m’amène à 5600 puis j’évolue vers l’ouest. Je m’approche maintenant de Lac-À-La-Tortue qui est la destination d’étape que j’avais programmée dans mon ordinateur de bord. Une seule fois auparavant je m’étais rendu aussi loin à l’ouest, à l’occasion de mon 50 km. Depuis lors, jamais.

Rendu là je fais quoi? J’appelle Pierre Beaulieu qui lui, est déjà sur son retour de Lac Noir; – Kilo X-Ray, Juliet Charlie Roméo, quelle destination je devrais entrer dans mon ordi comme prochaine étape de mon vol Pierre? Bin… Lac Noir…(c’t’affaire)

Euhhh OK. Ça va de soi! Y fallait y penser…C’est donc rendu ici qu’on plonge vers ce Lac très… Noir…

Depuis St-Thuribe, ça pompe résolument et jusqu’à Saint-Boniface je me maintiens entre 4000 et 6800 parfois en spiralant, souvent en ligne droite. Je suis maintenant en territoire inconnu. Inquiétant, mais en même temps grisant! Il est maintenant 14h00 et les thermiques sont puissants et facilement identifiables.

UNE BRÈVE ZÉNITUDE

Pendant un bref instant, je prends conscience de la magie du moment. À ma droite Shawinigan et à ma gauche Trois-Rivières et le grand fleuve, le tout dans un seul regard et un parfait silence. Dans cette activité formidable qu’est le vol à voile, coexistent un aspect technique et un aspect contemplatif qui nous permet d’admirer des bouts de planète du point de vue des oiseaux. Neil Armstrong (encore lui), ultime pilote s’il en est un, et pilote de planeurs à ses heures, affirmait d’ailleurs que les planeurs sont de merveilleuses machines volantes nous permettant presque d’être des oiseaux… Je soupçonne que ce soit la motivation ultime de bien des pilotes…

VAMOS À LAC NOIR!

– Juliet Charlie Roméo,.. Hôtel Roméo… t’es rendu où??… Ça c’est Richard qui me tire de ma rêverie momentanée. – Euh… Je viens de passer une autoroute qui fait nordsud et je me dirige vers l’ouest. – Ahh, t’es rendu à Shawi… Et je lui demande si il pense qu’à l’heure qu’il est, j’ai le temps de me rendre à Lac Noir. Bin…”do the maths!” qu’il me répond… D’accord… Rodger…

Ok, ça fait un peu plus d’une heure trente que j’ai décollé et j’ai fait un peu plus de la moitié de la distance à l’aller, donc en principe ça va me mettre au Lac Noir vers 15h00…, en principe…, soit deux heures et demie après mon décollage. À partir de là, je calcule un autre deux heures et demie à trois heures pour le retour (en tenant compte de la composante de vent EST) et ça me met à Saint-Raymond au plus tard vers 17h30. Les journées sont longues en début juin et les conditions sont bonnes. Ça devrait le faire… Let’s go!

Je me retrouve à St-Paulin à 2700 pieds, puis St-Édouard à 6600. Monte-descend, c’est comme la bourse on dirait, faut avoir la foi. J’aperçois ensuite le Lac Maskinongé que je sais être non loin du but, puis enfin un peu plus loin, le très convoité… Lac Noir. Il est presque 15h00 et c’est là, un peu avant mon point de virage que je tombe sur la BOMBE. Un thermique qui me fait passer de 5100 à 7600 en un peu moins de quatre minutes, ça c’est 660 pi/minute! Ouch les oreilles. Je baisse le volume de mon vario qui me perfore les tympans et je tape le cadran pour vérifier si l’aiguille est collée. Même après la sortie de la spirale, ça continue à monter jusqu’au point haut de mon vol à 8280 pieds, juste avant mon point de virage. Denis me l’avait dit, quand tu arrives au Lac Noir il faut que tu fasses attention de bien faire le tour de la presqueîle, donc vire large en masse parce que sinon ton vol risque de ne pas être bon pour l’homologation. C’est avec ça en tête que je vire et que j’entame mon retour.

Je suis très loin mais aussi très haut d’où la banane que j’ai dans le visage en guise de sourire. Parlant banane, la faim se fait sentir et c’est là que je décide de la manger accompagnée de quelques noix, en admirant la vue.

LA PARTIE N’EST PAS ENCORE GAGNÉE

Après ce moment d’euphorie, j’essaie de demeurer concentré car les conditions ne sont pas parfaites comme dirait Jean-Yves. Sur les 35 km suivants je suis en descente presque constante. Les nuages se font rares et la composante de l’EST est bien présente. 3500… 3200… 3000.., je décide de revenir sur Saint-Paulin qui se trouve environ à mi-chemin entre Lac Noir et Lac-À-La-Tortue, dans l’espoir de retrouver le thermique qui m’avait sauvé plus tôt. Mais ça descend assez vite. Il y a des champs à St-Paulin et je commence à les regarder. 2800… 2700… Toujours pas de nuages mais soudain au moment même où je croise un oiseau… BING! En plein à l’endroit où je m’étais remonté à l’aller. Ça m’a pris treize minutes pour remonter à 7000. Ouf! Ça aura été le point bas de mon retour. Il est maintenant presque 16h00 et je suis encore à environ 100km de Saint-Raymond. Mais… le ciel s’embellit vers l’EST.

ENWÈYE À MAISON!

À partir de la rivière Saint-Maurice, mon cap est pratiquement franc EST. Les pompes se succèdent l’une après l’autre et mon altitude varie entre 4200 et 7600. Ainsi, en quatre ascensions qui auraient pu n’être que deux ou trois si j’avais été plus expérimenté, je me retrouve à environ quarante kilomètres de mon but. Pas encore local de notre champ mais pas loin.

Pendant ce temps à Saint-Raymond, Sylvie se pointe à la cabane de piste pour s’informer d’où je suis rendu. Richard lui dit que je suis à environ une demi-heure… si tout va bien. Sylvie, toute contente lui dit; cool, il va trouver que la bière est bonne! Et Richard de lui répondre; mais tu comprends pas, c’est lui qui paye la bière à tout le monde! C’est pour ça qu’on l’attend! Alors là, Sylvie de se garrocher au dépanneur pour le houblon… MERCI MON AMOUR!

En route, Denis Pépin m’appelle. Il est maintenant en vol dans KX à la suite de Pierre Beaulieu; – Charlie Roméo, Kilo X-Ray, t’est rendu où François? – Je suis au nord-ouest de Saint-Casimir à 4500, direction EST. Et toi? – Suis au Lac Clair en thermique, c’est bon ici si t’en a besoin. (Je soupçonne par sa voix qu’il est presque plus excité que moi). – Merci Kilo X-Ray! – LÂCHE PAS FRANÇOIS, TU VAS LE FAIRE! (Ça me confirme qu’il est effectivement excité). Je sens l’odeur de la réussite mais j’essaie de ne pas y penser. Ici ça chute et mon ordinateur me dit qu’il me manque pas mal d’altitude pour rentrer. La pompe de Denis est encore loin et elle est dans la forêt. Il est présentement 16h45 et l’activité thermique faiblit…

4300… 4100… 3800… et PAF! La voilà… Un peu au nord de Saint-Casimir. En même temps que j’entre dans la pompe, je lui parle tout haut; toi je vais te presser comme un citron jusqu’à ta dernière goutte. Sa dernière goutte a été à 7532 pieds… et demie. Et la banane qui me ré-apparaît dans le visage. Là c’est pratiquement gagné!

La suite est facile à imaginer; manche en avant et vitesse grand V jusqu’au champ pour un atterrissage sur la 27 à 17h23, MAIS sans oublier au préalable de passer à nouveau le seuil de la 27, cette fois direction EST.

Et c’est comme ça que ça se termine. La bière a effectivement été excellente et ça m’a vraiment fait chaud au coeur de la partager avec tous ceux qui étaient là. Un moment que je n’oublierai jamais.

J’aimerais profiter de l’occasion pour faire quelques remerciements: Merci donc à tous les instructeurs du Club qui ont contribué à ma formation de pilote en me transmettant généreusement leurs connaissances et leur passion. Un merci spécial à Denis Pépin pour son appui en m’accompagnant dans la préparation de ce vol spécifique.

Et je remercie bien sûr ma belle Sylvie pour sa patience et sa compréhension.

Et finalement, en cette période de pandémie j’accuse mon cousin Louis Chabot de
m’avoir transmis le virus du vol à voile il y a quelques années. Il s’est même assuré
pendant longtemps que l’infection soit totale à grands coups d’instruction.
Mais heureusement il n’existe pas de vaccin pour ça.

FLY SAFE

François Proulx #47

Une dernière journée de vol inattendue

Le ciel était épars en cette journée du 9 novembre 2013 au matin. Pourtant, selon environement Canada, la météo était prometteuse annonçant un ciel dégagé en milieu d’après-midi. De toute façon, je me rendait au Club pour qu’on prépare notre planeur pour l’hiver. Je n’avais donc pas l’intention de voler.

Jean-Guy est arrivé vers 11h00 avec l’intention de faire du remorquage. Par la suite, Raphaël est arrivé à midi avec le plus grand entousiasme ayant fait un excellent vol la semaine précédente malgré la longueur des jours qui ne cessent de diminuer.

Finalement, étant donné que la météo semblait propice à une bonne journée de vol à voile, nous avons décidé Mario et moi de profiter de notre planeur une dernière fois pour l’année 2013. Nous avons donc mis les planeurs en piste (Le petit Grob et le Lak) pour aller “essayer” les conditions.

Tout cela pour nous rendre compte qu’il y avait des thermiques incroyables de 2500 pieds à 5500 pieds et que l’air était tellement dense que l’on pouvait dessendre la vitesse de nos planeur beaucoup plus basse qu’à l’habitude sans décrocher. C’était incroyable de parcourir de la distance en ligne droite avec un vario qui maintenait 0.

C’était la première fois que je voyais des conditions aussi exceptionnelles aussi tard dans la saison.

Un petit Shout out à Raphaël qui a passé à 2 doigts de réussir son épreuve de 1000 mètres et merci à Jean-Guy de m’avoir botté les fesses à aller essayer ces conditions.

Simon

Récit d’un vol aller et retour à La Tuque

Récit d'un vol hors du commun au 47ième parallèle

Le 7 mai 2013, les premiers planeurs à décoller, quand même tardivement dans la journée, soit vers 12h30 ou 13h00, reviennent au sol peu de temps après leur décollage puisque la convection est encore précaire à basse altitude. Les conditions sont hachurées, turbulentes et difficiles.

À la lumière de cette difficulté qu'éprouvent ceux qui m'ont précédé,  je décide de me faire larguer un peu plus haut et plus au nord afin de m'approcher des seuls cumulus visibles dans le ciel de Portneuf. Donc je laisse l'avion à 3200' et projette de monter dès que possible dans les montagnes car celles-ci sont génératrices de meilleures ascendances, les cumulus en faisant foi.

Après le largage, je n'échappe pas aux difficultés de ceux qui m'ont précédé. Une réelle bataille pour gagner quelques pieds entremêlé de fortes chutes. Je me retrouve à faire de la pente sur la petite colline située à l'est du Lac Rita.

Je note qu'à 3000 et 4000 pieds, il fait très chaud dans le planeur, pratiquement plus qu'au sol. Premier indice d'une couche d'inversion qui rendrait la convection difficilement pratiquable. Je persiste à demeurer à cet endroit qui par son relief et son orientation avec le soleil, devrait être le meilleur endroit pour parvenir à dépasser cette inversion. J'entends sur la radio un autre planeur qui s'annonce dans  le circuit.

Mais voilà qu'à 5000 pieds, le taux de monté s'améliore et soudainement une baisse importante de la température de l'air extérieure est perçue par la ventilation. À 5500 pieds, il devient évident que la sous-couche d'inversion est traversée. Les ascendances deviennent franches et puissantes et le son de mon vario atteint des fréquences que je n'avais jamais entendues auparavant sur mon LX. De toute évidence, le soleil très chaud de mai parvient à chauffer suffisamment le sol pour que les bulles traversent une inversion de près de 5000 pieds d'épaisseur.

Déterminé à rester au nord dans les montagnes, je me dirige vers Rivière-à-Pierre. Une fois rendu à ce village,  je parviens à dépasser 10 000 pieds et d'autres cumulus plus au nord m'invitent à garder mon cap tout en restant à distance planée du terrain mais surtout du champ que je me suis choisi dans le village. Il faut dire que cette commune est en plein coeur de la forêt et que le seul endroit atterrissable plus au nord, est La Tuque situé 70 km plus haut.

Dans ma poursuite vers le nord,  je trouve impressionnant de ne voir que de la forêt à perte de vue tout autour, mais mon champ de référence rassure mon côté rationel. La succession des généreux cumulus se poursuit et j'aperçois distraitement sur mon XCSoar que j'arriverais à 3496 pieds au-dessus de l'altitude du circuit à l'aéroport de La Tuque.

Je relis attentivement l'information pour bien l'assimiler et ce n'est qu'à ce moment que l'idée de traverser le Parc pour me rendre à cette latitude, m'effleure l'esprit. Jamais auparavant je n'aurais envisagé tel "task". Je me mets en mode analytique tout en progressant entre 9000 et 11000 pieds. Une telle altitude en planeur est l'équivalent d'avoir un réservoir additionnel d'essence en voiture.

L'allure du ciel diffère un peu vers La Tuque mais semble très optimiste. Pendant mes 360 degrés en ascendances, je ne vois que de la forêt à perte de vue. Je me rappelle très bien mon champ de référence qui est toujours accessible en plein centre de cette forêt. Je décide donc de poursuivre sur le cap nord-ouest avec l'intention d'atterrir à La Tuque.

Une épreuve non pas de vitesse, car l'environnement m'incite à rester haut, il va sans dire, mais une épreuve rarissime qui est celle de traverser 95 km de terres inhospitalières dans un aéronef dépourvu de toute énergie exception faite de la batterie de la radio.

Je suis finalement arrivé au-dessus du circuit de l'aéroport de La Tuque après avoir demandé par radio à GIV s'il pouvait m'informer de la fréquence de La Tuque.  Je n'avais pas cette information à bord car je n'avais jamais pensé m'y rendre un jour.

À 8000 pieds d'altitude,  je réalise qu'il me serait même possible de revenir vers le sud en vol plutôt que de le faire par récupération.  Aller à La Tuque en planeur était pour moi en soi un exploit, mais le faire aller et retour, c'était presque plus que le client en demande. Je prends tout de même quelques photos de la piste de La Tuque avant de changer de cap.

Et là, le moment le plus impressionnant du vol. Tu prends un cap sud vers une destination non visible à quelque part au beau milieu de 90 km de forêt. Je dois m'assurer sans l'ombre d'un doute que je peux atteindre soit mon champ de référence de Rivière-à-Pierre ou soit la piste de La Tuque maintenant située derrière moi et ce, même si je rencontre une zone de chute sévère. Le vent est nord-ouest donc légèrement favorable pour le sud mais contre moi si je rebrousse chemin. La journée est avancée, il est 15h30. Les conditions seront-elles encore là pour l'heure qui vient?

Je m'avance donc dans la forêt en souhaitant me remonter pour augmenter mes marges de sécurité. Le prochain nuage prometteur est assez éloigné. Je m'en approche en m'assurant avec XCSoar et mon LX que j'ai toujours des alternatives et que je ne suis pas en train de me peinturer dans le coin. Je ne veux pas vivre ce que les vélivoles appellent le "Ass hole Grip". Je l'ai expérimenté une fois il y a bien des années et je m'en rappelle encore. Désagréable.

Enfin une ascendance décente qui me donnera ma marge de sécurité. Ici, je peux vous dire que l'on thermique au maximum de nos capacités, s'en est beau à voir. Et ici aussi on est content d'avoir expérimenté, étudié, mis à l'épreuve maintes fois et maîtrisé notre outil de navigation, dans mon cas XCSoar.

Finalement le cumulus visé me livre la marchandise et j'avance vers Rivière-à-Pierre toujours invisible, mais avec une marge de 2000 à 3000 pieds sur mon calculateur. J'en préfère plus que moins, car ce qui m'attend n'est pas une piste mais un champ identifié en vol comme vachable. Mieux vaut un peu plus de temps pour analyser et planifier l'approche.

Mais tout se passe pour le mieux avec encore de beaux plafonds qui maintiennent continuellement le vol dans des plages sécuritaires. Sur ma route, Bruno me propose de me rendre à St-Marc-des-Carrières afin de compléter un triangle plus payant sur OLC. Bonne idée, mais la nature encore déchaînée me fait réaliser que j'arriverai trop haut à l'entrée de notre zone de 6000 pieds, ce qui me permet d'aller plus loin. Je mets alors le cap sur Lac-à-la-Tortue. En m'y rendant,  j'observe un changement significatif du ciel m'indiquant que les ascendances ne seront probablement plus au rendez-vous pour le retour. Il est presque 17h00.

Oh surprise, le dernier beau cumulus près du St-Maurice me donne de l'énergie comme si la nature m'envoyait son dernier souffle de la journée. J'atteint 12 100 pieds. J'apprendrai à mon retour qu'il s'agit d'un record en ascendance thermique dans Portneuf.

À 10 km au nord du Lac-à-la-Tortue, je tourne finalement vers St-Raymond en "final glide". 30 minutes plus tard, je passe au-dessus de notre piste à St-Raymond sans avoir fait un seul virage.  Un segment de vol de 73 kilomètres effectué à 153 km/h de moyenne. Décidément, la nature s'est déchaînée en ce début de mai 2013 pour nous donner des conditions de vol à voile inespérées.

Mon vol entier a totalisé 270 km à une vitesse moyenne de 73 km/h et ce malgré le fait que durant mes segments au-dessus des régions boisées inhospitalières,  j'ai choisi de rester haut, au détriment de la vitesse. Ce vol m'a permis de tirer le maximum de notre nouvelle monture ASW-20 / C-GRKX et j'ai la certitude que cette journée restera longtemps gravée dans ma mémoire. Pour le moment, j'ai le sourire bétonné dans la face.

Quel beau sport que le vol à voile et que de satisfactions il peut apporter à ses adeptes. La saison est encore jeune. Je vous en souhaite tout autant pour faire de 2013 une saison qui se sera démarquée de toutes les autres.

Denis Pépin, membre 075

 

Pour plus d'informations sur le vol et pour le visualiser, cliquer ici.

Un planeur du club dans un musée en France!

Le Directeur Général de l'Aviation Civile de la République Française accepte d'être le parrain de notre planeur historique Air-100 pour son entrée en collection au Musée régional de l'air d'Angers-Marcé, le deuxième musée aéronautique de France en importance. Ça fait chaud au coeur de voir les efforts de membres passionnés de notre Club de Vol à Voile de Québec d'être ainsi récompensés d'avoir remis en état de vol en 2009 cette machine qui dormait depuis plus de 10 ans au fond de nos hangars, après que son propriétaire Alex Krieger en eut fait don au club.

C'est sur l'instigation d'un des membres fondateurs de notre club, Claude Rousseau, que cette remise en état a été entreprise et a permis cet ultime développement. Il a eu l'immense satisfaction, quelques semaines avant son décès, de connaître ce dénouement qu'a permis ce Musée.

Si vous désirez en savoir plus sur ce planeur de légende, cliquez ici!

Récit d’un vol de 500 kilomètres

J’ai eu la chance de réunir les conditions gagnantes mardi le 14 mai pour réussir un circuit déclaré de 500KM qui me qualifie pour un insigne diamant.

J’avais regardé les prévisions météo le matin et surtout les prévisions de vol à voile sur le site de XCSKIES.COM et celles-ci m’indiquaient des plafonds potentiels de 9000 pieds avec des vents légers de l’ouest, des conditions idéales pour un long circuit sur la campagne. J’avais une réunion le matin vers 9H30 et je savais que je serais un peu tard au champs pour tenter un 500 KM pour lequel on planifie normalement une fenêtre de près de 7 heures. Cela implique de garder une vitesse moyenne de 70km/h puisque je me souviens d’avoir réussi le 300km en 98 avec une moyenne d’environ 50km/h.

De toute manière, dans de telles conditions, je savais que la journée pouvait offrir un circuit exceptionnel sur la campagne et dans ces conditions, je déclare toujours un circuit de 500K dans mon Cambridge juste au cas ou… Ce circuit m’amène à faire un point de virage à Ste- Émilie-de-l’Énergie ce qui offre un aller retour de 300K avec le Lac à la Tortue à mi parcours pour un éventuel point d’atterrissage avec la possibilité de se faire récupérer par les airs.

La stratégie devient alors de partir et à environ 35 KM de la base on est facilement local soit de CVVQ ou du Lac. On se rend ensuite au Lac et on le dépasse d’une quarantaine de Km tout en restant local du Lac. Il ne reste alors qu’un aller-retour de 40Km pour le point de virage et si les conditions sont bonnes (et elles étaient exceptionnelles, au point ou l’on ne s’arrêtait pas pour thermiquer à moins d’avoir le vario qui aille frapper le 10) on fait cet aller-retour assez confortablement. Avec le vent qui venait du Nord Ouest, on retrouvait assez facilement des alignements qui nous permettaient de voler en ligne droite en ralentissant dans les zones de lift et en accélérant dans la chute (à 90 knoeuds, mon speed to fly me disait d’accélérer.

Sur la route du retour, dans la zone de St Tite, il m’a semblé qu’à la vitesse où le circuit se déroulait, il serait possible de compléter le 500. Un petit problème se pointait : le froid. Depuis le point de virage de Ste-Émilie, nous naviguions vers l’est avec le vent dans le dos, donc avec une meilleure vitesse mais sans soleil pour réchauffer le cockpit.

Prochain point de virage « Vénus » qui se trouve dans le fond de la Vallée-du-bras-du-nord. Celui-ci fut atteint vers les 3 :30PM après 3 heures de vol. Heureusement, en reprenant vers l’ouest j’ai aussi retrouvé la chaleur et l’intérêt pour continuer. L’idée était alors d’au moins me rendre à la limite de ce qui serait un Final Glide jusqu’au club pour engranger un max de Km. Finalement le retour vers l’ouest s’est fait plutôt facilement et rendu au Lac-à-la-Tortue en étant à peu près toujours local de St Raymond, je suis devenu convaincu que le 500 était à porté d’aile.

Point de virage juste à l’ouest de St-Boniface et 90Km qui restent pour rentrer à la maison. Un thermique ou je fais 4 tours pour gagner 1000 pieds à l’ouest de Shawinigan et finalement un dernier thermique au sud du Lac-à-la-Tortue ou je me suis monté suffisamment pour m’offrir un Final Glide de 63KM. Je suis devenu très conservateur à partir de là, pas question de foirer ce 500K.

Bruno Bégin, membre du CVVQ

Quelques statistiques
Temps de vol 5h26
Temps en thermique 1h08 soit 22% du temps
Temps en ligne droite 4h18 soit 78% du temps
Vitesse moyenne du circuit 93,46 Km/h